L’équipe médicale de Kerguelen avec l’aide de ses aides médicaux et du technicien télécom du BCR a réalisé le 3 juillet 2024 un exercice grandeur nature pour tester son système de télémédecine.
La base de Port-aux-Français aux Kerguelen, comme toutes les bases Australes et Antarctiques Françaises, est équipée d’un bloc opératoire. Les médecins sur place n’étant pas chirurgiens, ils ont bénéficié avant leur départ sur le terrain d’une formation chirurgicale au laboratoire d’anatomie de Caen et au sein des Hôpitaux d’Instruction des Armées. L’objectif principale étant d’effectuer des gestes chirurgicaux de sauvetage si le pronostic vital ou fonctionnel (par exemple, risque de ne plus pouvoir utiliser sa main, sa jambe, etc…) est en jeu. Pas question ici de pratiquer des opérations de chirurgie programmée, non urgente ou des chirurgies pouvant être repoussées après un transfert maritime vers la Réunion.
Pour toutes ces raisons, le bloc opératoire de l’hôpital de Kerguelen est équipé d’un système de télémédecine qui permet aux médecins sur place d’être aidés à distance par des médecins spécialistes (anesthésistes, chirurgiens, etc…) à prendre en charge ces situations graves.
Bloc opératoire de l'hôpital Samuker |
Ce système est composé de plusieurs caméras et micros afin que les médecins spécialistes à distance puissent avoir une vision claire de ce qui se passe dans le bloc opératoire et en particulier au niveau du champ opératoire. Les images et le son sont transmis en direct via un système de visioconférence, et les médecins sur place peuvent également voir et entendre leurs interlocuteurs via un écran et des enceintes disposés dans le bloc opératoire.
Jusqu’à présent une seule caméra (au niveau du champs opératoire) était utilisée dans ces situations. La mise en place d’un nouveau logiciel et de caméras supplémentaires permet désormais aux médecins spécialistes d’avoir une vision sur le champ opératoire, une vision globale du bloc opératoire, une vue du médecin et des aides médicaux (via une webcam sur l’ordinateur de télémédecine) et une vision sur le scope affichant la tension, la fréquence cardiaque, la saturation en oxygène, etc…
Pour tester ce système en conditions réelles, l’équipe médicale sur place a imaginé une situation nécessitant une intervention chirurgicale. Un mannequin a été placé sur la table opératoire avec tout le matériel nécessaire à une vraie intervention chirurgicale (scope, respirateur, champs opératoires, instruments chirurgicaux, …). Un des médecins et des aides médicaux avaient revêtu des casaques stériles et des gants chirurgicaux afin d’être prêts à intervenir pour sauver le mannequin.
Vue du champ opératoire |
Une chirurgienne digestive du CHU de la Réunion et la médecin-adjointe du service médical des TAAF étaient présentes par visioconférence, la chirurgienne pour jouer son propre rôle et la médecin-adjointe pour jouer le rôle de l’anesthésiste (ce dernier étant indisponible).
Après un briefing des différents intervenants, les équipes médicales sur place et à distance ont pu discuter de la prise en charge et définir un plan d’action. Ensuite la simulation d’une intervention chirurgicale a pu débuter : la chirurgienne avait une vision claire du champ opératoire et pouvait guider facilement le médecin sur place dans les différentes étapes de l’opération. De son côté la médecin-adjointe du service médical des TAAF, qui était connectée depuis Paris nous a dit avoir une image légèrement floue (nous supposons que sa connexion était moins bonne puisque la chirurgienne connectée depuis la Réunion avait une image claire). Le son était très bon d’un côté et de l’autre et tout le monde se comprenait facilement.
Aides médicaux en action ! |
Cet exercice est donc un succès, même si de nombreuses améliorations sont encore possibles ! La livraison prochaine d’une nouvelle lampe de bloc opératoire avec caméra intégrée devrait permettre d’avoir une image d’encore meilleure qualité du champ opératoire. Il devrait également être possible d’intégrer un report de l’écran du respirateur afin que l’anesthésiste puisse avoir les informations nécessaires sur la ventilation du patient.
Elliott, Médecin-chef - Mission 74.
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