Alors
que l’hiver se termine, la campagne d’été et son effervescence approche
à grand pas. Et ce ne sont pas les anciens, pour qui le départ est imminent,
qui diront le contraire.
L’arrivée
des beaux jours se remarque aussi par le retour de la faune locale
sur nos terres (skuas, éléphants de mer, gorfous macaronis...)
Les femelles éléphants de mer se regroupent ainsi sur les plages en
masse, rappelant nos stations balnéaires en pleine saison. Elles donneront
naissance à de grassouillets petits à l’appétit vorace.
Les
mâles, surnommés pachas, sont aussi de la partie et forment des harems pouvant
dépasser plus de 150 femelles. Les rugissements de dissuasion provenant de la
résonance de leur trompe, ne suffisent pas toujours à éloigner les concurrents et les combats entre mâles
se font incessants. Leurs corps s’en trouvent fortement marqués.
C’est pendant cette période qu’est effectué un comptage sur les côtes Nord-Est de
Kerguelen.
320 kilomètres de côtes longées en une dizaine de jours et plusieurs milliers d'éléphants comptabilisés.
Ce
n’est cependant pas le seul objectif de cette manip, qui profite de son passage dans la zone pour réaliser d’autres comptages :
- les colonies de manchots papous, dont une bonne partie des poussins ont déjà
rejoints les crèches ;
- le contrôle des nids où sont encore présents les albatros nés l’année dernière et dont l'envol est imminent.
Cette
manip a aussi permis une approche complètement différente des lieux.
Après un hivernage, on a parfois tendance à vouloir aller au plus vite. On
connait en effet par cœur certains transits et, bien souvent, nul besoin de gps pour nous
indiquer le chemin le plus court pour rejoindre une cabane où se mettre à l'abri. Si ces détours, pour longer la côte, nous ont parfois fait ronchonner, voir défiler tous ces nouveaux paysages, aura quotidiennement émerveillé notre regard d'habitués.
Les côtes Nord sont en effet riches des traces laissées par un siècle de campagnes baleinières. Crânes et ossements d'immenses
cétacés ainsi que restes d’activité humaine (morceaux de bateaux, tombes, cairns,..) plongent alors le manipeur oubliant sa fatigue, dans une époque australe pas si lointaine, mais bien différente.
Texte et photos : A. Louat