Ces deux navires qui se retrouvent par hasard à Kerguelen ont un lien: l'Ile de la Réunion est amené à remplacer l'Osiris dans ses opérations en 2019.
Interview
du personnel à bord de l'Osiris
Monsieur Ronan Coic, Capitaine de l'Osiris
Je
navigue dessus depuis Novembre 2016 et je suis passé capitaine un an après,
j’ai fait suite à Michel (NDLR : capitaine de la Curieuse sur la campagne
2017/2018).
Auparavant sur quels bateaux naviguiez-vous ?
J’ai
travaillé pendant 7 ans sur la « Croix du Sud », un palangrier de pêche
à la Légine.
Quel est l’objectif des patrouilles de
l’Osiris ?
Nous
marquons la présence sur zone, afin d’éviter que certains soient tentés.
Nous
vérifions également qu’il n’y est pas de marques de pêches à l’eau sur les
zones sensibles.
Nous informons et intervenons au besoin.
Je
pense que oui. En plus, cela coute très cher à un bateau de se faire
prendre : la France ne rigole pas avec cela.
Est-ce très différent d’être capitaine sur
un palangrier et un patrouilleur ?
Oui
très différent. Sur l’Osiris, nous sommes les contrôleurs.
Quel est l’histoire de ce navire ?
C’était
un chalutier à la base, transformé en palangrier. C’est un bateau qui s’est
fait saisir et réaménagé pour passer en patrouilleur depuis le 13 Janvier 2003.
Il
est aujourd’hui armé avec du personnel civil et des gendarmes pour les missions
sud ainsi que des contrôleurs représentants chaque pays des zones ou on l’on
prévoit de se rendre. Ces derniers ont l’autorité car ils représentent leur
pays et la COI, le regroupement de Commission de l’Océan Indien.
Combien y a –t-il de personnes à
bord ?
10
personnes arment le bateau. Pour cette mission, il faut ajouter 2 gendarmes et
2 stagiaires.
Il
est en fin de carrière. Il sera stoppé au 1er Décembre car il entrera dans sa 50ème année.
Sur quel bateau aura lieu la prochaine
mission ?
Sur l’Ile
de la Réunion.
Vous avez navigué 10 ans sur les mers australes,
qu’en pensez vous ?
Cela
rappelle la Bretagne en plus froid !
Messieurs Laurent
Blanchais et Ludovic Deguine, gendarmes à bord de l'Osiris
L’un
est gendarme maritime, dans la brigade de surveillance du littoral
métropolitain, l’autre après avoir suivi un cursus maritime est actuellement
employé dans une seconde carrière. Les deux ont déjà réalisé ce type de
mission.
Quel est votre rôle à bord ?
Nous
sommes là pour assurer la légalité de la constatation des infractions en Zone
Economique Exclusive. Nous pouvons aussi rendre compte en CAMLR ("The Convention on the Conservation of Antarctic Marine Living Resources")
Nous
sommes officiers et agents de police judiciaire et sous forme de PV, nous
constatons les infractions et transmettons aux autorités (via le CROSS puis le
Tribunal).
Qu’est ce qui vous intéresse dans ces
missions ?
Le dépaysement
total. Nous sommes dans un autre milieu, le milieu de la marine marchande.
C’est un autre moyen de percevoir notre travail, cela nous casse de la routine.
Travailler sur des bateaux comme cela on n’a pas l’habitude. Normalement nous
sommes sur des zodiacs.
Cela permet aussi de visiter des contrées que nous
n’aurions pas la chance de voir autrement. Le contact avec l’équipage est
également très intéressant.
C’est le même travail mais une autre manière de
vivre, une autre approche.
Bien
sûr, nous sommes forcément changés. C’est une expérience la vie à bord,
l’éloignement, nous prenons du recul par rapport au métier de pécheur, nous
nous rendons compte dans quelles conditions ils travaillent (conditions de mer
etc…). Cela permet de changer de regard, nous ne voyons pas uniquement le pêcheur
délinquant.
Quelles impressions vous ont données ces
mers australes ?
Bonnes
car nous sommes revenus ! La première fois, c’était très impressionnant
par rapport à la météorologie. Cette fois ci c’était plus favorable. Le fait de
connaître une première fois, nous l’appréhendons différemment. Chaque mission
est différente : les conditions météo, l’équipage, les rapports.
Que pensez vous des iles australes ?
Nous
adorons !
Stagiaire effectuant son premier stage embarqué en mécanique
Au
lycée maritime à la Réunion – Ecole d’apprentissage. Je suis en première année
et le cycle dure 3 ans.
Quelle qualification obtiendras-tu en
sortant ?
En
seconde année, le CAP mécanique 750KW et en troisième année le Bac pro et le
3000KW.
Tu souhaiterai travailler sur quels types
de bateaux ?
A la
base, je voulais rentrer dans la Marine Nationale mais il y a pleins d’autres
possibilités qui m’attirent.
Comment as-tu choisis ce stage ?
J’avais
visité le bateau avec le lycée et cela m’a donné envie de faire mon stage
dessus.
Pourquoi ?
C’est
un beau bateau, c’est une belle mission, un bon stage enrichissant.
C’est la première fois que tu passes autant
de temps en mer ?
C’est
la première fois que je pars en mer !! Avant j’avais juste passé quelques
heures, jamais plus d’une journée.
Pourtant tu savais que tu voudrais
travailler dans le domaine de la mer. Qu’est ce qui t’a donné cette
envie ?
J’aime
la mer et les bateaux depuis que je suis tout petit. Dès que je vais dans une
ville, j’aime aller dans les ports admirer les bateaux.
Que penses-tu de cette première expérience
en mer et sur un bateau ?
Cela
montre bien les conditions de travail sur un bateau. Il y a beaucoup de travail
sur ces machines en particulier vu qu’elles sont assez vieilles. C’est très
éducatif. On apprend pleins de trucs en parlant avec les gens.
Est ce que cela confirme ton envie de
vouloir travailler dans ce domaine ?
A
oui !
A 17 ans monter sur un bateau pour traverser
les 50ème, ce n’est pas banal !
Oui
cela fait quelque chose. Avec les mouvements des vagues, c’est assez difficile
au début, surtout pour dormir, cela bouge dans tous les sens. Après on
s’habitue et on prend du plaisir.
La mer est belle ?
Très
jolie, même quand elle est mauvaise, c’est quand même joli.
C’est
très joli, les gens sont très agréables.
Le fait que cela soit une Réserve Naturelle
est ce que cela évoque quelque chose pour toi ?
On
est privilégié par rapport aux autres personnes. Il y a surement du monde qui
voudrait venir, mais ils ne peuvent pas forcément, ils n’en ont pas l’occasion.
Est ce que c’est bien d’essayer de protéger
ce territoire ?
Oui,
surtout lorsque l’on voit les dégâts que l’homme fait sur terre, c’est bien de
préserver des lieux comme cela.
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