lundi 14 mai 2018

Ile de la Réunion et Osiris - Interview de l'Osiris

 Le 14 Mai, l’Ile de la Réunion et l’Osiris sont accueillis à Port-aux-Français. Le premier navire est un palangrier venant trouver une assistance sanitaire, le second et un bateau de surveillance et de contrôle des pêches de l’Océan Indien et Austral en escale.
Ces deux navires qui se retrouvent par hasard à Kerguelen ont un lien: l'Ile de la Réunion est amené à remplacer l'Osiris dans ses opérations en 2019.










Interview du personnel à bord de l'Osiris

Monsieur Ronan Coic, Capitaine de l'Osiris

Depuis combien de temps êtes-vous capitaine de l’Osiris ?
Je navigue dessus depuis Novembre 2016 et je suis passé capitaine un an après, j’ai fait suite à Michel (NDLR : capitaine de la Curieuse sur la campagne 2017/2018).

Auparavant sur quels bateaux naviguiez-vous ?
J’ai travaillé pendant 7 ans sur la « Croix du Sud », un palangrier de pêche à la Légine.

Quel est l’objectif des patrouilles de l’Osiris ?
Nous marquons la présence sur zone, afin d’éviter que certains soient tentés.
Nous vérifions également qu’il n’y est pas de marques de pêches à l’eau sur les zones sensibles. 
Nous informons et intervenons au besoin.

Est-ce efficace ?
Je pense que oui. En plus, cela coute très cher à un bateau de se faire prendre : la France ne rigole pas avec cela.

Est-ce très différent d’être capitaine sur un palangrier et un patrouilleur ?
Oui très différent. Sur l’Osiris, nous sommes les contrôleurs.





Quel est l’histoire de ce navire ?
C’était un chalutier à la base, transformé en palangrier. C’est un bateau qui s’est fait saisir et réaménagé pour passer en patrouilleur depuis le 13 Janvier 2003.
Il est aujourd’hui armé avec du personnel civil et des gendarmes pour les missions sud ainsi que des contrôleurs représentants chaque pays des zones ou on l’on prévoit de se rendre. Ces derniers ont l’autorité car ils représentent leur pays et la COI, le regroupement de Commission de l’Océan Indien.

Combien y a –t-il de personnes à bord ?
10 personnes arment le bateau. Pour cette mission, il faut ajouter 2 gendarmes et 2 stagiaires.

Quel est l’avenir de ce bateau ?
Il est en fin de carrière. Il sera stoppé au 1er Décembre car il entrera dans sa 50ème année.

Sur quel bateau aura lieu la prochaine mission ?
Sur l’Ile de la Réunion.

Vous avez navigué 10 ans sur les mers australes, qu’en pensez vous ?
Cela rappelle la Bretagne en plus froid !

Messieurs Laurent Blanchais et Ludovic Deguine, gendarmes à bord de l'Osiris
L’un est gendarme maritime, dans la brigade de surveillance du littoral métropolitain, l’autre après avoir suivi un cursus maritime est actuellement employé dans une seconde carrière. Les deux ont déjà réalisé ce type de mission.

Quel est votre rôle à bord ?
Nous sommes là pour assurer la légalité de la constatation des infractions en Zone Economique Exclusive. Nous pouvons aussi rendre compte en CAMLR ("The Convention on the Conservation of Antarctic Marine Living Resources")
Nous sommes officiers et agents de police judiciaire et sous forme de PV, nous constatons les infractions et transmettons aux autorités (via le CROSS puis le Tribunal).

Qu’est ce qui vous intéresse dans ces missions ?
Le dépaysement total. Nous sommes dans un autre milieu, le milieu de la marine marchande. C’est un autre moyen de percevoir notre travail, cela nous casse de la routine. Travailler sur des bateaux comme cela on n’a pas l’habitude. Normalement nous sommes sur des zodiacs. 
Cela permet aussi de visiter des contrées que nous n’aurions pas la chance de voir autrement. Le contact avec l’équipage est également très intéressant. 
C’est le même travail mais une autre manière de vivre, une autre approche.

Est-ce que vous revenez différent ? 
Bien sûr, nous sommes forcément changés. C’est une expérience la vie à bord, l’éloignement, nous prenons du recul par rapport au métier de pécheur, nous nous rendons compte dans quelles conditions ils travaillent (conditions de mer etc…). Cela permet de changer de regard, nous ne voyons pas uniquement le pêcheur délinquant.

Quelles impressions vous ont données ces mers australes ?
Bonnes car nous sommes revenus ! La première fois, c’était très impressionnant par rapport à la météorologie. Cette fois ci c’était plus favorable. Le fait de connaître une première fois, nous l’appréhendons différemment. Chaque mission est différente : les conditions météo, l’équipage, les rapports.

Que pensez vous des iles australes ?
Nous adorons !

Stagiaire effectuant son premier stage embarqué en mécanique

Ou fais-tu tes études ?
Au lycée maritime à la Réunion – Ecole d’apprentissage. Je suis en première année et le cycle dure 3 ans.

Quelle qualification obtiendras-tu en sortant ?
En seconde année, le CAP mécanique 750KW et en troisième année le Bac pro et le 3000KW.

Tu souhaiterai travailler sur quels types de bateaux ?
A la base, je voulais rentrer dans la Marine Nationale mais il y a pleins d’autres possibilités qui m’attirent.

Comment as-tu choisis ce stage ?
J’avais visité le bateau avec le lycée et cela m’a donné envie de faire mon stage dessus.

Pourquoi ?
C’est un beau bateau, c’est une belle mission, un bon stage enrichissant.

C’est la première fois que tu passes autant de temps en mer ?
C’est la première fois que je pars en mer !! Avant j’avais juste passé quelques heures, jamais plus d’une journée.

 
Pourtant tu savais que tu voudrais travailler dans le domaine de la mer. Qu’est ce qui t’a donné cette envie ?
J’aime la mer et les bateaux depuis que je suis tout petit. Dès que je vais dans une ville, j’aime aller dans les ports admirer les bateaux.

Que penses-tu de cette première expérience en mer et sur un bateau ?
Cela montre bien les conditions de travail sur un bateau. Il y a beaucoup de travail sur ces machines en particulier vu qu’elles sont assez vieilles. C’est très éducatif. On apprend pleins de trucs en parlant avec les gens.

Est ce que cela confirme ton envie de vouloir travailler dans ce domaine ?
A oui !

A 17 ans monter sur un bateau pour traverser les 50ème, ce n’est pas banal !
Oui cela fait quelque chose. Avec les mouvements des vagues, c’est assez difficile au début, surtout pour dormir, cela bouge dans tous les sens. Après on s’habitue et on prend du plaisir.

La mer est belle ?
Très jolie, même quand elle est mauvaise, c’est quand même joli.

Kerguelen, Port-aux-Français, quelles sont tes impressions ?
C’est très joli, les gens sont très agréables.

Le fait que cela soit une Réserve Naturelle est ce que cela évoque quelque chose pour toi ?
On est privilégié par rapport aux autres personnes. Il y a surement du monde qui voudrait venir, mais ils ne peuvent pas forcément, ils n’en ont pas l’occasion.

Est ce que c’est bien d’essayer de protéger ce territoire ?
Oui, surtout lorsque l’on voit les dégâts que l’homme fait sur terre, c’est bien de préserver des lieux comme cela.


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