mercredi 12 octobre 2022

Les premières naissances sont arrivées!

À Kerguelen, le mois d’octobre est rythmé par le retour de milliers d’éléphants de mer. Nous avons la chance ici d’avoir la seconde plus grande population mondiale d’éléphants de mer. Les éléphants de mer (Mirunga leonina) appartiennent à la famille des phoques, c’est d’ailleurs le plus gros phoque du monde. Cette espèce présente un dimorphisme sexuel impressionnant (différence morphologique entre le mâle et la femelle), le plus important du règne animal. Les femelles pèsent en moyenne 600kg, les mâles eux peuvent atteindre 3 tonnes.
À cette période de l’année, les femelles commencent à revenir sur terre afin de mettre bas sur les plages. Les premiers mâles reviennent aussi et commencent à constituer leur harem et attendent patiemment que les femelles soient de nouveau disponibles sexuellement. Les impressionnants combats de pacha vont donc débuter. Les plus forts auront le plus de femelles et se reproduiront le plus. Un mâle peut féconder jusqu’à 300 femelles en une période de reproduction. Les femelles donnent naissance à un unique petit durant l’année. Les plages se remplissent de jour en jour pour accueillir des milliers de femelles et les naissances vont s’enchainer chaque jour. C’est un spectacle unique. La mise bas se déroule en quelques minutes, les oiseaux (skua subantarctique, pétrel géant et goéland dominicain) arrivent ensuite pour récupérer ce qu’il y a à manger (placenta et fluide corporel) et couper le cordon ombilical reliant la femelle et son petit. Les femelles vont ensuite nourrir le jeune « bonbon » durant environ 3 semaines. C’est un lait très riche qui permet au petit de prendre en moyenne 4kg par jour.
Nous avons la chance de les voir grandir à vue d’œil. Le jeune bonbon va devoir se débrouiller par lui-même à la fin de ces 3 semaines. Les femelles retourneront ensuite à l’eau pour se nourrir. Une fois fécondée, la gestation durera entre 11 et 12 mois puis le cycle se répétera. Les petits resteront sur la terre puisant dans leur réserve jusqu’à ce que la faim les motive à prendre le large à environ 2 mois. Une équipe de biologiste (Marion, Julie, Kévin et Victor) s’apprête justement à partir en manip’ durant une quinzaine de jours afin de réaliser un comptage des femelles éléphants de mer et des mâles sur le long des côtes de Kerguelen. Ce suivi est effectué depuis les années 1950 et chaque année ce comptage est fait à la même période. Cela permet d’avoir un suivi de la population d’éléphants de mer à Kerguelen. L’an dernier, ce sont plus de 50 000 individus qui ont été comptés ! 3 thésards et un biologiste vétérinaire (Laura, Léa, Erwan et Nathan) sont aussi présents sur Kerguelen afin de mieux comprendre le comportement des éléphants de mer. Leur capacité de plongées et leur facilité à atteindre 1000m de profondeur fascinent les scientifiques. L’étude des éléphants de mer permet de mieux comprendre ce qui se passe dans leurs corps à ces profondeurs-là. De plus, cette capacité unique d’atteindre des milieux peu accessibles pour l’homme permet de récolter des données importantes dans le cadre du réchauffement des océans grâce à la pose de balise GPS sur ces mammifères marins.
Rédaction: Léa Françoise ECOBIO