jeudi 30 novembre 2017

Photos du mois de Novembre à Kerguelen







Léopard des mers - Juvénile

Port Jeanne d’Arc, PJDA pour ceux de Kerguelen



Port Jeanne d’Arc, PJDA pour ceux de Kerguelen.
Un peuplement ici d’une centaine de personnes il y a une centaine d’années. 100 hommes au 50ème parallèle sud, puis plus rien.
100 hommes pour une usine d’huile de baleine et d’éléphant de mer.
Quelques chalets de bois colorés dressés pour ces 100 hommes sur la plus septentrionale des presqu’iles du golfe du Morbihan, au sud de l’Archipel des Kerguelen.
100 hommes ont vécu dans ces chalets à pêcher le phoque parce que deux frères, Henri et René-Emile Bossières l’avaient imaginé.

Fils d’un important armateur baleinier du Havre, Henri et René-Emile Bossières, de passage dans une entreprise familiale de production de phoques et de moutons des Falklands, décident de développer une exploitation similaire aux Kerguelen.
« Quand on réfléchit que César, dans ses commentaires, déclarait les cotes d’Angleterre inhospitalières, hérissées de dangers, et sans cesse battues par la tempête…on peut sans trop d’audace présager que la Terre de Désolation (…) sera un jour peuplée et prospère ».  Nouvelle notice sur les iles Kerguelen possession française – 1907, Henri Bossière.

Dès la prise de possession de la France, en 1893, ils obtiennent une concession d’exploitation de 50 ans. Ils cèdent des droits à une entreprise Norvégienne, « Storm, Bull & Co. » pour 20 ans. Celle-ci construit la station-usine de Port Jeanne d’Arc et en 1908 y dépose 100 hommes: 100 norvégiens dans une dizaine de chalets de bois vermillon aux fenêtres blanches.
Ils sont déposés sur une langue plane au pied d’une colline d’où jaillit une cascade d’eau fraiche. Devant eux se profile le panorama de Ile Longue.
Storm, Bull & Co. disparaît en 1913. Après la guerre, l’entreprise du Cap « Irwin and Johnson » prends la suite de l’exploitation avec « Kerguelen whaling and Sealing Co. ». L’activité s’arrête définitivement en 1926 devant la concurrence des cargos-usines.
L’exploitation aura duré en tout et pour tout à peine plus d’une dizaine d’année.

En 1929, le « Discovery » qui mouille devant PJDA rapporte : « les éléphants de mer ont été décimés par l’homme. Les chiens sauvages sont une autre calamité, ils sont devenus comme des loups, une réelle menace pour toute vie sur les iles. »

Aujourd’hui, les chiens ont disparu, les éléphants de mer sont protégés et PJDA est un souvenir de l’homme sur ces terres au bord de l’eau.
Histoire de 20 ans, histoires d’une dizaine d’années de vie de cette centaine d’hommes venus du Nord. Il semble que l’on entend encore leur souffle dans le chuchotement du vent et le suintement de l’eau qui s’infiltrent dans les interstices rouillés des cuves à huiles abandonnées à leur dernière place.
L’histoire de l’homme à Kerguelen n’a qu’à peine plus de 200 ans. Ces poignées de vies sont un dixième de notre histoire d’hommes à Kerguelen, elles sont notre passé à nous, Kerguéleniens de passage, français des australes et français tout court. Même s’ils furent Norvégiens et n’eurent pas de descendance ici, ce sont un peu nos ancêtres ces hommes qui ont vécu chez nous.
Aussi, le peu d’hommes au privilège de fouler Port Jeanne d’Arc partagent un moment avec ces autres hommes.

Port Jeanne d’Arc a le charme d’une usine soviétique abandonnée dans la campagne arménienne. Au bord de l’eau bleue, sur le sol vert vif, s’écroule un mikado de métal orange.
Des cuves, des autoclaves et des tuyaux rouillés sont un bref témoignage d’une vie de passage là où il n’y a que nature. Les baleinières de bois se craquellent et se disloquent sous le soleil, les rails rendent leur fer au sol, le ponton de bois ne relie plus la plage. Nous sommes dans le futur de leurs vies.
Les chaines enroulées sur les galets ont durci, ont formées une croute reliant leurs cerceaux, elles sont presque pierre. Les barils sont percés et à travers les morceaux de puzzle absent  transparait le ciel. Les cuves vacillent comme des petits soldats exposés trop longtemps au soleil et qui n’ont pas le droit de tomber, sinon raides. Le bois en tas se mêle au métal. Il reste à ces anciens navires quelques années encore avant de sombrer sans avoir fait naufrage.
Les portes des autoclaves, arrondies, épaisses aux arceaux de coffre fort sont restées ouvertes : le trésor n’est plus ce qu’il y a l’intérieur.

Il y avait ces hommes qui chargeaient des baleines et des éléphants sur leurs canoës de bois non pontés après la bataille de la chasse. Il y avait ces hommes qui les tiraient sur la plage. Et ces autres qui les découpaient en morceaux. La chair d’un coté, les peaux et les os d’un autre. Il y avait ces morceaux de mammifères marins chauffés et fondus pour en extraire l’huile. Il y avait ces cuves pleines qui repartaient à bord d’un navire à vapeur pour l’Europe. Et il y avait nos rues et nos lampadaires d’Europe éclairés par cette huile des australes.


Dans ce village de Kerguelen, les hommes se nourrissaient de choux et de cochons qu’ils nourrissaient de phoques.
Les tonneaux aujourd’hui crevés, les rails disloqués, le ponton coupé, leur vie circule toujours dans ces tuyaux de fer parcourant les airs aux dessus des chaudières, dans ces tas de ferrailles jonchés sans ordre.
Un jour tout s’est arrêté. Les tonneaux ont été laissés dehors. Les hommes sont montés dans un bateau. Et derrière eux, seul le Ross, sublime, a veillé.

Les bâtiments de vie, les bâtiments de bois de ce village nordique du sud se sont avachis ; quelques uns ont étés reconstruits.
A l’intérieur des maisons, du bois clair à la douceur de campagne. Des tabourets de métal et une table carrée devant la fenêtre ensoleillée. Je m’y assiérais bien pour y boire un chocolat chaud en regardant la mer. En regardant notre passé devant la mer, ces bidons de métal d’huile, en regardant notre présent, ces bidons vides.
A travers les vitres, la lumière perce le vieux parquet. Les lattes sont étroites et furent peintes. Il fait bon. Il fait bon les vieux boulons et les vieux clous. Il fait bon le temps passé que l’on regarde avec les yeux du présent. Les particules de métal se désagrègent en feuilleté de clou au pays des feuilles de choux.



lundi 20 novembre 2017

OP3 – 2017



Le Marion Dufresne vient de repartir avec 7 des nôtres mais nous a déposé une quarantaine de nouveaux personnels. Parmi eux, ceux qui vivront les prochains mois avec nous, jusqu’à notre départ.

Cette visite annuelle du mois de Novembre prends le nom « d’OP3 », pour : troisième opération portuaire de l’année.

Nous avons préparé cette opération en amont.
Depuis plusieurs mois déjà, nous avons lancé des commandes et nous apprêtons à recevoir des fournitures, des outils et un peu de produits frais. De notre coté, nous avons préparé des « bigs bags » et des containers, pleins de nos détritus. Il y a là les déchets de notre consommation courante que nous avons triés manuellement : tous ce qui ne brûle pas ici repart et tout ce qui peut l’être sera recyclé. 
Voilà pour ce qui sera échangé du bateau à la base.






Nous avons également préparés d’autres « bigs bags » composé de « touques » (barils de plastiques) remplies de nourriture et outillages qui seront déposés par hélicoptères sur les sites éloignés. Ainsi, lors des prochaines « manips » le personnel y trouvera de quoi dormir, se chauffer et manger.

Enfin, la base est prête à accueillir le personnel de passage et les 12 touristes. Ainsi, alors que nous étions 51 ces trois derniers mois, nous avons vu notre population quasiment tripler et monter au plus haut à 137 personnes. Pour cela, nous avons nettoyé Port-au-français d’un grand ménage de printemps, préparé les chambres et les repas.

Avec « l’OPEA », la personne responsable des opérations à bord du Marion Dufresne, nous avons planifié les trajets des bateaux et de l’hélicoptère pour les mouvements de personnels et les ravitaillements. Avec les équipes terrains, nous avons organisés des activités pour les personnes descendant à terre. Il y a la relève de Kerguelen, mais également celle d’Amsterdam, le personnel sortant de Crozet, les touristes et leur guide, du personnel du siège venant en appui, mais également dans cette rotation le rapporteur français pour l’UNESCO, Jean-Philippe Siblet, ainsi que deux journalistes préparant des reportages pour plusieurs magazines.

L’opération a durée 5 jours et la météo a été très favorable. Le vent fut faible toute la semaine et bien que les premiers jours furent brumeux, le soleil a ensuite bien éclairé de ses rayons notre archipel pour faire profiter à tous de ses merveilles.

Comme le chaland, l’Aventure II est en réparation, nous l’avons mis au coffre le temps de l’OP et avons utilisé la « portière » : barge plate convoyée par des annexes, pour le transport de containers.


Le dernier jour, le Marion Dufresne est parti dans le golfe pour se rapprocher des sites du sud. Le golfe ! Voie lactée de Kerguelen, parsemée de ses confettis stellaires. « Ile haute » domine avec ses 320m, « Ile longue » s’étends devant la presqu’ile Jeanne D’Arc, « Ile verte » est un ilot de 2km, toute verte, toute plate. C’est sur cette île que nous déposons Charlène et Samuel, tout juste descendus du Marion, pour un mois de vie à deux, sur 4km2, à étudier les pétrels bleus.

Ici et là, l’hélicoptère s’envole, mouche à ailes papillonnant au-dessus de Kerguelen. Nous profitons d'ailleurs de sa présence pour déposer un personnel de la société "Antichute" au sommet du Radôme du CNES afin d'y fixer une corde qui le sécurisera lors de ses opérations de peinture à venir.



Les opérations sont un des temps fort de notre vie sur la base. Dans notre solitude, notre vie de communauté éloignée du reste du monde, apparaissent les autres, un reste du monde. C’est un sentiment ambivalent qui nous traverse alors. Revient doucement le plaisir de rencontrer des gens nouveaux, de retrouver des visages connus effacés de notre présent, de trouver dans sa chambre des paquets pleins de la vie qu’on a laissé là-bas et qui nous éclaboussent de bonheur.


 Avant de retourner à nouveau dans notre îlot bien aimé.

samedi 11 novembre 2017

Cérémonie du 11 Novembre 2017 à Kerguelen

A l’occasion du 99ème anniversaire de l’Armistice de 1918, les bâtiments et édifices publics de l’Archipel de Kerguelen ont été pavoisés aux couleurs nationales du Vendredi 10 Novembre au Dimanche 12 Novembre 2017.


Le 11 Novembre, une cérémonie a eu lieu au mat des couleurs, rassemblant l’ensemble du personnel de Port-aux-français autour du commandant des troupes, du personnel des trois armées et du représentant du préfet des Terres Australes et Antarctiques Françaises, Madame Annabelle Djeribi, chef du district.

Suite à la revue des troupes, à la montée des couleurs et à l’honneur au drapeau, le message de la Secrétaire d’Etat auprès de la ministre des armées a été lu avec émotion par l’autorité civile afin que la « Nation reconnaissante rende hommage et perpétue l’indispensable mémoire ». Après une minute de silence, l’hymne national a raisonné dans le vent et les vagues de la baie de l’Aurore Australe.

A l'’issue de la cérémonie, un apéritif dînatoire a été offert à la Mairie, résidence du chef de district de Kerguelen. 
La disker a rappelé la valeur de vivre en France ; une France à laquelle ont contribué par leur sacrifice ceux que nous honorons.

Nous remercions le personnel des trois armées et l’ensemble des participants, en particulier les personnels civils Sébastien, Alex, Alice, Alexandre, Joris et Hassen qui ont contribué au bon déroulement de cette cérémonie.


 Crédits photos: Annabelle Djeribi, Joris Laborie et Camille Lin.


dimanche 5 novembre 2017

Manip dépollution de site à Studer (Resnat et Ecobio 136)


En janvier 2012, une station météo a été installée au-dessus du val Studer, au pied du Mont Crozier par le programme IPEV 136 de Marc Lebouvier (partie gérée par Françoise Hennion).

Equipe d'installation - 2012

Cette station comprenait différents capteurs : pluviométrie, température de l’air, hygrométrie et température du sol à différentes profondeurs, vitesse du vent à 600 mètres d’altitude.
L’objectif de la récolte de ces données était de les mettre en parallèle avec la pousse des choux de Kerguelen dans ce secteur. Ainsi, chaque trimestre une équipe montait récupérer les données de la station et mesurer les choux. Le nombre de graines de choux dans chaque tête était parfois également compté !


Ce programme a maintenant pris fin. Il est donc essentiel de retirer les éléments polluants de l’environnement. Une équipe s’est montée pendant un week-end pour démonter la station et la redescendre à la cabane du lac Studer où elle sera héliportée lors d’une prochaine rotation du Marion Dufresne.
Equipe de dépollution - 2017











































Par un amusant concours de circonstance, le « géner » IPEV de l’époque, c’est à dire le  coordinateur logistique IPEV, Baptiste, qui avait contribué à l’installation de cette station, est à nouveau présent sur  Kerguelen, 6 ans plus tard, pour la dépolluer en tant que chef d’équipe de la Réserve Naturelle lors d’une manip’ conjointe entre l’IPEV et la Réserve Naturelle.



















Présentation du programme par l’Institut Paul-Emile Victor

La biodiversité végétale dans les Iles Subantarctiques : évolution, passée et future, dans les environnements changeants.
Le changement climatique actuel en région subantarctique a déjà un impact marqué sur les environnements de ces îles. Dans un objectif de conservation, il nous faut très fortement améliorer notre connaissance de la biologie des espèces végétales uniques de cette région afin d’évaluer leur potentiel à répondre au long terme à ces changements. Notre programme combinera des études macro- et microévolutives pour examiner les origines et l’évolution des plantes et des flores subantarctiques ainsi que le potentiel des espèces contemporaines à s’adapter aux changements climatiques actuels et futurs. Nous proposons une recherche interdisciplinaire impliquant la phylogénie, la transcriptomique, la cytogénétique et des analyses de la variation des traits le long de gradients abiotiques et biotiques. Cette approche combinée inédite permettra une compréhension fine de la capacité d’un changement de l’environnement à façonner la diversité végétale à travers une gamme d’échelles temporelles et géographiques.


Autres vues du Val Studer