mercredi 13 mars 2024

Un territoire sentinelle, laboratoire du vivant et observatoire de la biodiversité et des changements globaux

 

Les écosystèmes des Terres australes françaises sont confrontés aux effets de la pression anthropique à travers les changements climatiques (impacts globaux), l’introduction d’espèces allochtones, les pollutions et le piétinement (impacts locaux). ‐ L’augmentation des températures et la diminution des précipitations fragilisent les espèces autochtones adaptées à un climat frais et humide (Frenot et al., 2005a, Lebouvier et al., 2011). Les espèces exotiques, majoritairement originaires de régions tempérées de l’hémisphère nord, semblent bénéficier des changements actuels et devenir d’autant plus compétitives, certaines devenant invasives.

La mise en place d’observatoires sur le long terme est primordiale afin d’établir un état initial des habitats naturels des districts des Terres australes françaises et de visualiser leurs évolutions au regard des différents facteurs d’influence (secteur géographiques, présence d’espèces exotiques, fréquentation du secteur, etc.). Ils permettent également d’affiner la connaissance des communautés végétales des Terres australes françaises, encore partielle.

L’un des protocoles « observatoire » consiste à suivre un réseau de plus de 500 placettes permanentes de 10 mètres de côtés réparties sur l’ensemble des districts austraux. Les suivis impliquent l’inventaire exhaustif de la végétation ainsi que la collecte de paramètres environnementaux (composantes physico-chimiques des sols et données microclimatiques). Ces suivis sont réalisés tous les 5 ans et 3 indicateurs permettent de suivre l’évolution de la végétation au sein des placettes :

1-      La richesse spécifique

2-      La proportion d’espèces exotiques végétales

3-      Le pourcentage de recouvrement total des espèces exotiques végétales

 

Ces données permettent d’analyser et ainsi de mieux comprendre les changements à l’Å“uvre au sein des communautés végétales de la Réserve naturelle.

 

 Durant le mois de février 2024, 2 sites ont été prospectés : Baie de la mouche et Baie Larose (Fig.1).

24 placettes habitats ont été prospectées sur le site de Baie de la Mouche et 23 placettes habitats ont été prospectées sur le site de Baie Larose.  
 Les ringots plastiques ont été remplacés par des piquets aluminium afin de pérenniser le marquage des placettes. Dans cette même problématique, des bornes géomètres, non contendantes, ont été plantées sur les placettes abritant une faune riche.       

De plus, 6 sondes microclimatiques TMS-4 ont été installées sur des placettes habitats de chacun des sites observatoires. Ces dernières ont été positionnées sur les zones sujettes aux perturbations (telles que les zones humides) et enregistrerons des données (température, humidité) toutes les 15minutes pendant 10 ans. Des prélèvements pédologiques (250 à 500g) ont également été réalisés sur chacune des placettes suivies. Les échantillons prélevés seront envoyés dans un laboratoire à Rennes afin d’être analysés.

Dans le cadre de ce protocole, 130 placettes habitats ont été visitées lors de la campagne d’été 2023/2024.  Ces inventaires viennent clôturer les suivis T2 (T+10 ans depuis l’installation des placettes) sur l’Archipel Kerguelen.

 

 

Figure 1 : Cartographies des emplacements placettes habitats à Baie Larose (en haut) et Baie de la Mouche (en bas) prospectés durant février 2024.

Au sein de ce protocole, des observatoires de certaines populations de Lyallia kerguelensis et Pringlea antiscorbutica, deux espèces patrimoniales présentes sur l’Archipel, sont également suivis tous les 5 ans.         

La mise en place d’observatoires sur le chou de Kerguelen et le Lyallia sur différentes zones de l’Archipel soumises à des conditions climatiques et des densités différentes de mammifères introduits, permet de mieux appréhender l’état et la dynamique des populations de ces espèces.

Pour chaque observatoire, 50 individus sont concernés par le suivi. Ils sont matérialisés par un piquet et une étiquette indiquant le numéro de l’individu et l’année de mise en place du suivi. Plusieurs variables sont prises en compte dans le suivi : la taille, le diamètre, le nombre d’inflorescence, le nombre de fleurs ou de graines, le stade phénologique et la vigueur.

Durant le mois de février, les observatoires « Lyallia » et « Pringlea » ont été prospectés sur le secteur de Baie de la Mouche, à proximité de la cabane des « deux frères » (Fig.2).   

Concernant le Lyallia kerguelensis, il a été observé un taux de survie globalement bon malgré des individus en très mauvais état de santé (Fig.3). Par ailleurs, lors du transit vers la placette Lyallia, une zone avec des individus de très belles tailles (environ 40cm de diamètre) ont été observés, observation particulièrement rare sur l’Archipel. Il a donc été décidé au retour de la placette originelle de créer un autre observatoire de 30 individus vigoureux (Fig.4).

L’observatoire Pringlea antiscorbutica a disparu (Fig.5). La placette suivie était située à l’embouchure d’une rivière, en amont d’un déversoir glaciaire. Les mouvements du lit de la rivière ont largement modifié le paysage et engendré la disparition totale de la population de choux suivis.   

Figure 2 : Cartographies des emplacements placette Lyallia kerguelensis.


Figure 3 : Individu de Lyallia kerguelensis de l’ancien observatoire

 

Figure 4 : Individu de Lyallia kerguelensis du nouvel observatoire.

                                     

2013                                                                                                 2024

Figure 5 : Comparaison de la placette chou en 2013 et en 2024

 

Article rédigé par Valentine, Solène, Victor et Pierre

 






 

 

 

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