samedi 28 avril 2018

La Julianne : 3 aventuriers et 1 médaille

La Julianne, c’est un ketch d'acier « Petit Prince » de 12.5 mètres immatriculé à la Rochelle. 

La Julianne, ce sont ses trois compères: Norman, Téo et Julien qui rappellent un peu J. Poncet et G. Janichon à bord du célèbre Damien, voilier de 14 mètres qui séjourna dans l’Archipel il y a 46 ans avant de faire route vers l’Antarctique.


Norman, Téo et Julien, ce sont trois copains d’école de 30 ans qui ont  largués les amarres d’un port du Nord de la France il y a un an et demi pour apprendre « à Etre Nomades ».

Après seulement quelques jours d’école de voile, ils ont décidés d’acheter un bateau et de partir ensemble apprendre à naviguer, se découvrir et découvrir le Monde.

A travers leur association « Apprentis Nomades », ils ont côtoyés l’Ouest des côtes Africaines, traversés l’Atlantique, poussés jusqu’à Richard’s Bay en Afrique du Sud d’où ils ont décidés de tenter la grande aventure : traverser l’Océan Austral jusqu’à Adélaïde en Australie.







Au milieu de leur rêve Austral, se situait Kerguelen. Archipel ambitieux d’atteinte pour tout marin, c’est le cœur gonflé d’audace qu’ils sont partis début Mars. Ni la mer énorme, ni le vent violent ne leur ont fait perdre leur soif de découverte et d’enthousiasme, leur chaleureux et solide esprit d’amitié.




Le matin du 02 Avril, sous de gros flocons de neige, ils ont vu se dessiner les côtes de leur rêve. Passant dans la tempête c’est avec émotion qu’ils ont pensé : « Si nous devons continuer sans nous arrêter, au moins nous aurons vus Kerguelen, et cela, c’est déjà au-delà de nos espérances ».




Ce sont donc trois jeunes aventuriers comblés, le sourire traversant leur visage que nous avons, avec un égal plaisir, accueillis à Port-aux-Français ce 03 Avril.  








Il leur aura fallu encore un peu de patience pour toucher les terres australes car le moteur de leur annexe ne fonctionnait plus. 
Après un remorquage par notre équipe, ils sont passés à l’incontournable sas de biosécurité pour retirer les graines, insectes, larves, plantes coincés dans leurs sacs et vêtements afin d’éviter toute introduction d’espèce dans la Réserve Naturelle des Terres Australes Françaises. 






Très appliqués, l’équipage de la Julianne est impliqué dans les questions de protection et de conservation de l’environnement.
Dans le cadre de leur association, ils mettent en place au long de leur périple des initiatives environnementales, solidaire et sportives. Pour leur passage dans l’Archipel de Kerguelen, ils ont justement signés une convention avec les TAAF afin de soutenir un programme de protection de l’environnement.






Dès le lendemain, ils ont amenés sous voile Jean-Charles, ornithologue et agent de la Réserve Naturelle (sur la photo, accompagné d'Isabelle également agent RNN) à l’île Haute dans le golfe du Morbihan afin que ce dernier puisse réaliser avec leur aide, le monitoring annuel et à long terme des paramètres démographiques du pétrel à menton blanc. Ils ont ainsi pu découvrir un site réservé à la science sur lesquelles de nombreuses espèces protégées viennent se reproduire et participer au comptage et baguage de ces oiseaux vivants en terrier. Ce programme va permettre d’évaluer le taux de succès reproducteur de cette espèce.
A leur retour, les services du district les ont soutenus pour réparer plusieurs avaries sur leur embarcation, comme le moteur de l’annexe ou leur chauffage, afin de leur permettre d’engager la seconde partie de leur traversée Austral dans de bonnes conditions.

Avant de partir, Norman, Téo et Julien ont remis à la Disker un invraisemblable et magnifique présent : une médaille estampillée Kerguelen offerte par Mr Jean-Marie de Dianous qui le leur a remis en Afrique du Sud, par un magnifique concours de circonstances...
Intrigués devant le voilier "Kaerou" immatriculé « Port-aux-Français », sur un quai de Richard’s Bay, le sympathique équipage a discuté avec Mr de Dianous de leur projet de partir prochainement aux Kerguelen. Très attaché à cet Archipel, c’est avec une grande générosité qu’il a décidé de leur remettre cette pièce, pourtant riche de souvenirs personnels, afin qu’elle soit donnée au District de Kerguelen. 







C’est avec beaucoup d’émotion que la Disker a reçu ce présent dont l’histoire est contée ci-dessous par le donateur :


Cette pièce a été dessinée et sculptée par une artiste laitonne qui l’a offerte à mon père en 1997, lors du bicentenaire de la mort du navigateur. J’ai retrouvé cette pièce dans les affaires de mon père, Hugues Jean de Dianous après son décès en 2008, et l’ai gardée sur mon bureau.
En 2010, de conducteur de bus pour les transports en commun de Perth, je devenais retraité et décidai de prendre la mer. Je me fis construire un bateau en France et lors de son immatriculation, la médaille d’Y-J. de Kerguelen m’inspira en me faisant choisir Port-aux-Français comme port d’attache.
De là naquit en moi le sentiment que la place de cette médaille commémorative n’était plus d’être sur un banal bureau, ignorée de tous, mais sur l’île qui portait son nom, où elle serait partagée par tous ceux qui y dédie leur temps en l’étudiant et la protégeant.
Puis la question se posa de délivrer cette pièce à bon port. En 2012, mon bateau fut mis à l’eau à Hyères, et je décidai qu’un jour je passerai à Port-aux-Français. Mes connaissances maritimes étant alors nulles (elles le sont un peu moins depuis), j’entrepris de me familiariser avec l’élément marin en naviguant d’abord en Méditerranée puis en Atlantique, la médaille de Y-J. de Kerguelen cette fois-ci bien campée sur ma table à carte.
Six ans passèrent et je me retrouvai en Afrique du Sud, les aléas de mes navigations m’obligeant à y faire escale, en route vers la Malaisie. Quand vint le moment d’appareiller du Cap, toujours avec l’intention de passer « chez vous », peut-être assagit, en tout cas saisis de doute quant à mes capacités (pas celles de mon bateau) à naviguer de par vos latitudes, j’écoutais  les conseils d’amis qui me suggéraient de passer plutôt par l’Océan Indien nord. Ce que j’écoutais et entrepris, tout en pensant à cette médaille qui n’allait pas retrouver son île.
Mais c’était sans compter sur les hasards (le sont-ils vraiment) du Voyage qui me firent faire escale, obligée, à Richards Bay, où je rencontrais un équipage français qui, à trois jours près, appareillait pour les Kerguelen ! La suite, vous la connaissez et la possédez.
C’est en pensant à mon père que je vous transmets cette médaille, n’en n’étant moi-même qu’un maillon dans son cheminement. Dernier et plus important maillon de ce voyage de Y-J. de Kerguelen, ces Apprentis Nomades sur leur « Julianne », qui auront amenée cette médaille à bon port. Merci à cet équipage.
Quant à moi, si un jour l’opportunité se présente de passer à Port-aux-Français, dusse être sur le Marion Dufresne, ce sera avec joie que je découvrirai le port d’attache de mon bateau.
Merci Annabelle, d’avoir accueilli la Julianne et maintenant d’héberger le portrait d’Yves-Joseph de Kerguelen de Tremarec ».

Hugues-Jean de Dianous (1914-2008), le père de Jean-Marie était un archiviste, linguiste et officier de réserve de la Marine Nationale. La médaille a pris une belle place à la Mairie de Kerguelen. Merci Messieurs de Dianous !

Puis, la Julianne est parti se mettre à l’abri quelques jours avant de rejoindre les vents qui la pousseront jusqu’en Australie. 
Convivialité, entraide et découverte ont une fois encore marqué le passage du quatrième et dernier voilier à mouiller à Port-aux-Français pour la chanceuse mission 68.

Un pli philatélique marquant leur passage a été réalisé.














Bon vent les Nomades !

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