lundi 8 octobre 2018

Aurore australe

Le dimanche 8 octobre 2018 - 21h30

L'alerte est diffusée sur quelques téléphones de Port aux Français : le ciel commence à s'éclairer vers le sud...

Le slipway de Port aux Français semble nous ouvrir l'accès à un monde irréel

Débute alors une heure et demie de spectacle...


Notre Dame du vent n'en ratera pas une miette!























Bombardement solaire et
lumière sacrée



Dentelles d'antennes sur toile de fond  d'ions et de protons





Vers 22h30, l'intensité de l'aurore augmente brusquement et un maelstrom lumineux se déchaîne dans le ciel, semblant vouloir avaler la voûte étoilée toute entière. C'est le grand final, sous les yeux émerveillés de quelques spectateurs ébahis.

Une immense ondulation s'étire ensuite sur 'l'horizon, se cabre comme un animal vivant, puis se contracte en drapés majestueux,
avant de fondre dans la mer....
Chacun d'entre nous savoure cette magie céleste, comme une réponse à ce qui nous a poussé à venir sous ces latitudes. 


Un grand merci à nos deux photographes de génie, Armand et Jean-Baptiste, de nous faire partager ces instants de bonheur!



dimanche 7 octobre 2018

Manip Popéleph - Pointe Morne


* Manip « popéleph » : comme population des éléphants de mer

Depuis le début des années 2000, un programme scientifique a été mis en place pour suivre le comportement des éléphants de mer de kerguelen. 


Arrivés à OP2, trois scientifiques, Hassen (2ème année de thèse – université du Québec à Montréal), un habitué de Kerguelen puisqu’il en est à son deuxième séjour, Julie (1er année de thèse au centre d’étude biologique de Chizé / université de la Sorbonne) et Coline (vétérinaire en Savoie/IPEV), ont en charge la mise en œuvre sur le terrain d’un certain nombre d’observations et de mesures.
Les éléphants de mer austraux sont les plus grands représentants de la famille des phocidés et sont présents dans la région du circum-Antarctique. On estime la population globale à 600-800 mille individus.   
L'archipel de Kerguelen en abrite la première ou la deuxième population au monde, selon les sources, car seulement une petite partie des côtes de l'archipel a été recensé.
Quand arrive la saison de la mise bas par les femelles (début septembre à fin octobre), suivie de la période de reproduction, les plages de l’archipel se peuplent de harems au milieu desquels trônent les pachas (mâles dominants qui assureront près de 70 % des fécondations). 





Très rapidement après leur arrivée, les femelles donnent naissance à un seul petit  qui sera alimenté par le lait maternel, d’une très grande richesse nutritionnelle. 




A leur naissance, ils pèsent entre 40 et 45 kg, mais atteindront rapidement, en l’espace de seulement 23 jours, leur poids de sevrage, aux alentours de 120 kg.  





Les femelles pèsent entre 400 et 600 kg, et peuvent atteindre une vingtaine d'année.
Elles atteignent leur maturité sexuelle à partir de l’âge de 3 à 5 ans.






Les mâles, quant à eux, vivent moins longtemps, entre 14 et 15 ans, mais peuvent atteindre l’honorable poids de 2 à 3 tonnes. Ils se distinguent aussi par leur appendice nasal, leur trompe, d’où leur nom.






Notre équipe de scientifiques a donc pour tâche d’étudier le suivi démographique de la population de nos éléphants de mer.


Ces études consistent en un suivi des jeunes avec un bagage sitôt après leur naissance et jusqu’à leur période de sevrage, avec prise de taille et mesure d’isotope stable (un petit échantillon de peau permet de révéler leur régime alimentaire). Leurs mères font aussi l’objet d’études, et l’on cherche à connaître leur performance alimentaire par la pose de balise sur un nombre restreint d’individus. 







Ces balises, qui sont collées sur le pelage de l’animal, vont permettre d’acquérir un nombre conséquent d’informations, certaines d’entre elles pouvant servir également à d’autres programmes scientifiques (étude des variations des conditions océanographiques).







Pour cette opération, on utilise une capuche qui sera placée sur la tête de la maman pour l’immobiliser et la calmer, puis elle sera anesthésiée afin de faciliter l’ensemble des mesures (poids, biopsie et mensurations, puis mise en place des balises). 


Grâce à un système de géolocalisation, ces individus seront suivis pendant leur séjour en mer, et à  leur retour sur terre, les balises seront récupérées et leurs données exploitées. 
On arrive ainsi à définir leur parcours, leur comportement de plongée pour se nourrir- un éléphant de mer peut tenir une apnée de 20 minutes à 1h20, et sonder en moyenne jusqu’à 400 à 1000 mètres de profondeur, avec un record pour certains mâles à près de 2000 mètres! – et ainsi mesurer l’impact sur la reproduction.  
Les éléphants de mer se nourrissent essentiellement de poissons-lanternes, de crustacés et de calamars.                




Les balises, bardées de capteurs et de puces GPS ou Argos, d’accéléromètre et de magnétomètre, enregistrent également des données environnementales, notamment sur la salinité, la température de l’eau, ou encore la concentration en phytoplancton, mais peuvent aussi récolter des informations sur d’autres mammifères marins (enregistrements acoustiques).      

Les mamans éléphants de mer sont ainsi de précieuses auxiliaires de la science!






Notre joyeuse équipe de scientifiques, avec trois autres manipeurs venus prêter main-forte, devant la cabane de pointe Morne