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A noter que le terme « lapin » est banni sur un bateau, on préférera
employer « BLO » pour « Bête aux Longues Oreilles ».
Les
lapins sont omniprésents à Kerguelen et notamment autour de la base. La densité
de lapin peut atteindre 16 individus à l’hectare sur les milieux favorables.
Le lapin (Oryctolagus cuniculus) a été introduit par des marins
sur la Grande Terre de l’archipel de Kerguelen en 1874 (Kidder 1876), ceci pour
subvenir aux besoins en nourriture carnée d’éventuels naufragés.
Les lapins rencontrèrent des conditions favorables à leur installation
et leur développement : l’absence de compétiteurs herbivores, l’absence de
prédateurs et des conditions climatiques et édaphiques ont favorisé sa
multiplication.
Le lapin occupe la plus grande partie de la Grande Terre. Il est également
présent sur au moins 9 autres îles ou îlots de l'archipel. Seules quelques îles
et îlots du Golfe du Morbihan (Australia, Mayes, Haute, Longue…) et certaines
îles du nord et de l’ouest (île Foch, île St Lanne Grammont, îles Nuageuses,
île de l’Ouest) n’ont jamais été fréquentées par le lapin.
Actuellement, son impact le plus important concerne les communautés
végétales par l'élimination du chou de Kerguelen (Pringlea antiscorbutica)
et de l'azorelle (Azorella selago) remplacés par Acaena magellanica qui
recouvre l'ensemble des zones mésophiles sous la forme de groupements
pratiquement monospécifiques. En consommant les plantes, en érodant le sol par
le creusement de ses terriers, le lapin favorise la colonisation de graminées
introduites comme Poa annua et contribue à la diminution de la diversité
spécifique des plantes dans tous les habitats (Chapuis et Boussès, 1989;
Chapuis et al., 2004). Il a également affecté l’avifaune les sites de
nidification de différentes espèces de pétrels (Weimerskirch et al.,
1989).
L‘ilot
Françoise, exempte de lapin, le chou de Kerguelen et l’azorelle sont très
présents.
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En
présence de lapin, le chou et l’azorelle ont disparu
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Afin de limiter la population de lapins, le virus de la myxomatose a
été introduit en 1955-1956 occasionnant une réduction importante de l’effectif
en lapins au cours des années qui ont suivi l’introduction du virus. Cependant,
compte tenu de la résistance des lapins à ce virus, leur densité est restée
élevée.
Les relations entre les espèces introduites animales et végétales sont
aujourd’hui beaucoup plus complexes qu’il n’y parait. Ainsi, si l’on pouvait
éradiquer le lapin de la totalité de l’archipel de Kerguelen (action
inenvisageable tant la population est aujourd’hui élevée), son absence n’aurait
pas forcément l’effet positif attendu. Sur plusieurs petites îles du Golfe à
l’image de l’île verte, l’expérience a été tentée. L’île verte pourrait
aujourd’hui s’appeler l’île jaune tant elle est recouverte de pissenlit ( Tarxacum sp espèce introduite à
Kerguelen). L’absence de lapin sur cette île n’a pas permis au Choux de Kerguelen
à l’azorelle reprendre leur place face à la concurrence du pissenlit très invasif.
Le
plan de gestion 2018-2027 de la Réserve Naturelle Des Terres Australes
Françaises prévoit une poursuite des études de l’effet du retrait du lapin sur
la végétation pour évaluer la pertinence de l’éradication de l’espèce sur les
secteurs où cette action pourrait encore être bénéfique. Trois îles du Golfe du
Morbihan pourraient être concernées (Inskip, Chat et Cimetière).
Merci
à Clément Clasquin, agent chargé du « suivi des mammifères
introduits » à la Réserve Naturelle, pour les références scientifiques et
les photos.
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