vendredi 27 avril 2018

Manip ornitho à Mayes






















Mayes est une des nombreuses îles du golfe du Morbihan. Son nom lui a été donné lors de l’expédition du Challenger de 1974.















Aujourd’hui, véritable sanctuaire ornithologique, elle héberge d’importantes colonies d’oiseaux, notamment ceux se reproduisant en terriers tels que certains pétrels et prions.

Classée en zone réservée à la science, seuls quelques privilégiés y ont accès afin de suivre ces colonies et de faire avancer les connaissances telles que l’estimation de la survie des adultes sur un secteur témoin.

Uéline et Julien du programme IPEV 109 en font parti.






Lors de cette manip du mois d’Avril, Uéline, une des rares bagueuses françaises, passe ses soirées à mettre en place des filets afin de capturer momentanément et tendrement des pétrels bleus, gris ou noirs, des pétrels plongeurs communs (dits localement « plonplons ») ou encore des Océanites de Wilson.
Ces filets verticaux sont mis en place à la nuit noire et relevés toutes les trente minutes. Le démaillage est réalisé avec beaucoup de prudence et l’oiseau est délicatement placé dans un sac sombre identifié d’un code couleur en fonction du sens dans lequel l’oiseau volait.







Une fois à la cabane à température ambiante, Uéline contrôle alors si l’oiseau est déjà bagué et en vérifie le numéro. Le cas échéant elle procède à un baguage : une petite alliance choisie en fonction de la taille de l’animal est alors doucement passée autour de sa patte.

La capture permet également de prendre différentes mensurations de l’oiseau : âge, masse, taille des ailes, du bec et du tarse, présence ou absence de plaque incubatrice (zone nue de plume et très vascularisée se découvrant au moment de la couvée pour tenir les œufs au chaud).

Dès que les manips sont terminées, les oiseaux sont relâchés en fonction de leurs espèces. Certains comme les pétrels plongeurs communs sont placés dans une pente aux pieds de choux de Kerguelen, d’autres sont relâchés en vol face au vent.

En fin de séance, les filets sont mis à l’abri et les piquets reposés à terre afin d’éviter des percutions d’oiseaux en vols.



Au matin, Uéline part pour une toute autre manip : chercher dans les terriers des pétrels gris la présence éventuelle du second partenaire. 










Ce jour là, Jean-Baptiste est "manipeur" pour aider Uéline.






Ces oiseaux se reconnaissent au bec clair, au plumage gris foncé sur le dessus des ailes, la queue et la calotte et au plumage plus clair au menton et au poitrail.



































Elle n’en est pas à sa première recherche dans les terriers dont elle connait les labyrinthes par cœur.

En effet, parmi ceux qui sont identifiés, elle a déjà recherché lors d’un premier passage il y a quelques semaines la présence ou l’absence d’un adulte et celle d’un éventuel œuf. 

La manip d’aujourd’hui consiste donc à vérifier si le second partenaire et déjà venu remplacer le premier sur l’œuf. Car en effet, c’est à tour de rôle que ces oiseaux couvent, profitant de leur moment de répits pour aller se nourrir en mer.












La recherche est assez fastidieuse dans la tourmente venteuse et boueuse de Kerguelen : allongée au sol, Uéline enfonce donc son bras, parfois poursuivit d’un Ringo pour tâter la présence de l’animal sans le blesser. 
Lorsque celui-ci est détecté, souvent dans sa « chambre » un appareil surmonté d’une caméra, nommé « burrowscope » est inséré dans le terrier afin de lire le numéro de la bague du pétrel et de reconnaître lequel des deux partenaires est présent.
Dans les mois suivants, Uéline reviendra contrôler les œufs et les poussins et prendre des mesures des juvéniles qui seront alors bagués pour continuer à suivre cette population dans les années suivantes.

















Comme chaque année depuis 30 ans, les informations et mesures prises par Uéline sont entrées dans un logiciel et envoyé au laboratoire. C’est ainsi une généalogie de plusieurs années qui est suivie, permettant d’étudier l’évolution de cette population à long terme.


Le refuge du "gros pétrel rouge" à Mayes



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