* Manip « popéleph » :
comme population des éléphants de mer
Depuis le début des années 2000,
un programme scientifique a été mis en place pour suivre le comportement des
éléphants de mer de kerguelen.
Arrivés à OP2, trois
scientifiques, Hassen (2ème année de thèse – université du Québec à
Montréal), un habitué de Kerguelen puisqu’il en est à son deuxième séjour,
Julie (1er année de thèse au centre d’étude biologique de Chizé /
université de la Sorbonne) et Coline (vétérinaire en Savoie/IPEV), ont en charge
la mise en œuvre sur le terrain d’un certain nombre d’observations et de
mesures.
Les éléphants de mer austraux sont les plus grands représentants de la famille des phocidés et sont présents dans la région du circum-Antarctique. On estime la population globale à 600-800 mille individus.
L'archipel de Kerguelen en abrite la première ou la deuxième population au monde, selon les sources, car seulement une petite partie des côtes de l'archipel a été recensé.
Quand arrive la saison de la mise
bas par les femelles (début septembre à fin octobre), suivie de la période de
reproduction, les plages de l’archipel se peuplent de harems au milieu desquels
trônent les pachas (mâles dominants qui assureront près de 70 % des fécondations).
Très rapidement après leur
arrivée, les femelles donnent naissance à un seul petit qui sera alimenté par le
lait maternel, d’une très grande richesse nutritionnelle.
A leur naissance, ils pèsent entre 40 et 45 kg, mais atteindront rapidement, en l’espace de seulement 23 jours, leur poids de sevrage, aux alentours de 120 kg.
Les femelles pèsent entre 400 et 600 kg, et peuvent atteindre une vingtaine d'année.
Elles atteignent leur maturité sexuelle à partir de l’âge de 3 à 5 ans.
Les mâles, quant à eux, vivent moins longtemps, entre 14 et 15 ans, mais peuvent atteindre l’honorable poids de 2 à 3 tonnes. Ils se distinguent aussi par leur appendice nasal, leur trompe, d’où leur nom.
Notre équipe de scientifiques a
donc pour tâche d’étudier le suivi démographique de la population de nos
éléphants de mer.
Ces études consistent en un suivi
des jeunes avec un bagage sitôt après leur naissance et jusqu’à leur période de
sevrage, avec prise de taille et mesure d’isotope stable (un petit échantillon
de peau permet de révéler leur régime alimentaire). Leurs mères font aussi
l’objet d’études, et l’on cherche à connaître leur performance alimentaire par
la pose de balise sur un nombre restreint d’individus.
Ces balises, qui sont collées sur
le pelage de l’animal, vont permettre d’acquérir un nombre conséquent
d’informations, certaines d’entre elles pouvant servir également à d’autres
programmes scientifiques (étude des variations des conditions océanographiques).
Pour cette opération, on utilise
une capuche qui sera placée sur la tête de la maman pour l’immobiliser et la
calmer, puis elle sera anesthésiée afin de faciliter l’ensemble des mesures
(poids, biopsie et mensurations, puis mise en place des balises).
Grâce à un système de géolocalisation, ces individus seront suivis pendant leur séjour en mer, et à leur retour sur terre, les balises seront récupérées et leurs données exploitées.
On arrive ainsi à définir leur
parcours, leur comportement de plongée pour se nourrir- un éléphant de mer peut
tenir une apnée de 20 minutes à 1h20, et sonder en moyenne jusqu’à 400 à 1000 mètres
de profondeur, avec un record pour certains mâles à près de 2000 mètres! – et ainsi
mesurer l’impact sur la reproduction.
Les éléphants de mer se nourrissent essentiellement de poissons-lanternes, de crustacés et de calamars.
Les balises, bardées de capteurs et de puces GPS ou Argos, d’accéléromètre et de magnétomètre, enregistrent également des données environnementales, notamment sur la salinité, la température de l’eau, ou encore la concentration en phytoplancton, mais peuvent aussi récolter des informations sur d’autres mammifères marins (enregistrements acoustiques).
Les mamans éléphants de mer sont ainsi de précieuses auxiliaires de la science!
Notre joyeuse équipe de scientifiques, avec trois autres manipeurs venus prêter main-forte, devant la cabane de pointe Morne