Sur ce site au bord de l’Océan Austral vit une colonie de plus de 150,000 couples de manchots.
Avec eux, quelques manchots papous une trace blanche sur leur tempe, jet de voie lactée sur leur corps de nuit noire et quelques éléphants de mer de l’année repus de leur première ballade en eaux lointaines.
Et des oiseaux de mer, pétrels géants, immensités
blanches sur leur nid posé au sol, skuas piquant les œufs délaissés ou des
manchots morts, goélands apprenant à leur petit à voler.
La vie côtoie la mort.
Jonchés au sol, des squelettes d’éléphants, de manchots, des os travaillés par le vent et l’eau entourée d’algues géantes, filaments verts ou violets en tas sur la plage.
Plage recouverte de plumes de manchots, de toutes petites plumes blanches collées dans le sable mouillé.
Et ceux qui, de ci, de là, éloignés de la
manchotière, se promènent seuls ou à plusieurs leur tâche jaune ou orange
magnifique sur la tempe et le cou, soulignant leur allure sublime.
Certains se
prélassent allongés sur le ventre, d’autres le bec coincé sous leur aile, la
tête repliée, lovée en creux.
Comme des cris
de banbins qui jouent par milliers, les adultes chantants de leur son guttural
en dressant le cou, les petits piaillant encore comme des oiseaux.
La vie est partout dans ce blanc et ce noir, ces gouttes d’or au bout de leurs plumes, sur cette plage bleue, ou les vagues viennent s’échouer dans un choc continu.
Il y a là de quoi rester pétrifié
de beauté.